"Mon intention est de travailler sur le vêtement dans son rôle
identitaire et culturel".
Ma robe s'inspire de l'époque
des rois et reines, pour symboliser les codes, les manières qu’on se doit de
respecter. Cette robe évoque sans doute les majestueux portraits d'apparats où
le vêtement était surtout un instrument de propagande officielle dont les codes
étaient l'idéalisation, la mise en scène, la richesse des étoffes et des
vêtements, le rouge du drapé théâtral, etc. La structure principale de la robe est une ceinture noire. La ceinture
est rigide et descend devant à la manière d’un body. La jupe est composée de
quatre strates différentes : un
premier jupon vert pour donner une première forme à la jupe et pour donner de
la continuité à la ceinture, un jupon blanc cassé pour donner du volume à la
jupe, et un long et lourd tissu massif bleu terne pour symboliser la
vieillesse. "Ces strates montrent que je subis mon vêtement depuis longtemps. Je joue
également avec le poids du vêtement, en montrant que cela pèse sur moi, sur mes
épaules". Enfin, la jupe est terminée par un tissu de couleur rouge vif intense,
cela évoque l’amour qui
cache la souffrance de supporter cette robe. Le haut est lui aussi rouge et reprend
un modèle de robe d’époque, toujours pour représenter les codes qu’on oblige à
suivre. Le vêtement est terminé par des racines sur la jupe et le haut, donnant
la forme générale de la robe, le côté bouffant de la jupe. Les racines sont
nombreuses et s'entremêlent, elles
évoquent le réseau de l’information par lequel tout se diffuse. Ses racines seront
recouvertes de journaux "Frances Antilles", que j’ai décidé
d’utiliser pour sa matière et sa fonction symbolique, car il évoque le
commérage et le cliché imposant sur ce corps. Sur le haut, les racines partent
du dos et recouvrent la totalité de mon buste, pour donner un effet de noyade. La
robe en elle-même dénonce les clichés de la société sur lesquels on se fit et
qu’on est « obligés » de suivre. Mon travail de résistance sera la
résistance à ces clichés qu’on subit tous durant nos vies.
Lors de la performance,
qui se fera au Fort Delgrès à Basse-Terre, je serai enfermée dans une cellule
et je lutterai contre le portail qui me retient. La cellule sera elle aussi
recouverte de journaux et photos et de « règles » que l’on doit
suivre. Je réussirai à sortir de cette cellule, mais je serai toujours
prisonnière de ma robe. Alors, j’avancerai jusqu’à un point de rendez-vous
l'oeuvre de Roger Arékian en luttant
contre mon vêtement pour au final tomber à petit feu au sol et ainsi montrer
que je ne pourrai lutter contre les clichés, qu’ils prennent de plus en plus le
dessus.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire